Même les araignées dansent

"Petite, je dansais nuit et jour avec une spontanéité totale sans savoir que danseur était un métier. À mon adolescence, ma mère m’emmène voir Rain Forest dans la Cour d’honneur du Palais des Papes le 20 juillet 1989; je découvre Merce Cunningham, ses interprètes, son écriture, quelque chose s’ouvre en moi … ce moment amorcera mon devenir de chorégraphe.»
Anne Lopez dédie ce solo à sa mère, partie en laissant un vide abyssal dans son quotidien. Après avoir longtemps cherché comment transformer ce séisme personnel en acte de création, elle saisit la métaphore de l’araignée pour exprimer la beauté et la puissance de ce lien. Entre démarche autobiographique et essai chorégraphique, la question de la transmission sera son fil; elle tissera le chemin de l’intime avec celui de sa démarche d’artiste chorégraphique, indissociablement tressés.
« Ce solo est un récit comme en trouve dans la littérature, lorsque l'auteur parle de lui avec la puissance de ce "je" qui autorise tout lecteur à se reconnaître en lui quand l'intimité trouve la forme pour permettre le partage. Anne Lopez raconte à même sa présence cette histoire qui nous concerne tous - la perte et la continuité nécessaire. Et la manière avec laquelle la création, la recherche, le geste ou l'action nous permettent d'y répondre. J'ai aimé l'entendre dire "ma mère", "mon fils" ... Cela nous autorise tellement à être à hauteur d'humain - d'abord à hauteur d'humain. Car il ne faut pas se tromper d'enjeu avec la danse, avec l'art contemporain, avec le spectacle. Qu'avons-nous à dire d'autre, si ce n'est nous rassurer ensemble, nous rappeler à quel point nous sommes semblables, sur scène ou assis dans un fauteuil ?

Elle est entrée sur scène désarmée - sans ajouts, sans autre enjeu que celui d'offrir sa danse magnifique de musicalité, de nuances, de dialogue avec l'invisible. Alors nous aussi, nous nous désarmons pour recevoir et honorer avec elle le lien de filiation.
Magnifique scénographie de François Lopez, son frère, émouvante chanson de Léo Alric, son fils ... on tourne avec elle les chapitres du récit, on pense à notre propre histoire et à la solution du fil ... La clarté de l'écriture est ici un paravent pour mettre à juste distance l'intime et l'universel. » Christine Jouve

Soutiens : Département de l’Hérault, Ville de Montpellier, Montpellier Danse, Frac Occitanie, Le Regard du Cygne, Arts Fabrik, le CND Pantin