Démons

Les catastrophes naturelles, les drames et les conflits s’enchainent sans même qu’on ait le temps de les traiter avec précision. Les situations politiques et sociales vont vers des extrêmes aux quatre coins du monde. Les guerres entre les nations, les idéologies ou les religions se multiplient et la Terre crie à l’agonie, tandis que nous poursuivons notre extermination de la vie.

Et tout cela, bien évidemment, c’est nous, êtres humains, qui en sommes le dénominateur commun. Mais d‘où vient alors en nous ce démon destructeur ?

C’est précisément ici, que la pièce de Lars Noren prend toute son ampleur. En effet, au-delà de présenter un huit clos d’engueulade de couples, certes violent et à l’écriture acérée, Démons va chercher plus loin. La pièce creuse dans les tréfonds de l’humanité, et nous dévoile à nous lecteurs ou spectateurs, ce qu’on ne veut pas voir. L’être humain dans toute sa crasse et sa laideur. Sous le prisme de cet amour toxique, c’est l’incapacité de l’Homme à accepter ce qu’il ne peut créer ou contrôler, qui est mis en exergue. Dévoilé, exposé au grand jour.

Oui. Nous, espèce humaine ayant réussi à contrôler notre environnement, la plupart de nos pulsions, l’espace, les espèces, la génétique, l’électricité et l’informatique; nous voilà redevenus animaux face à cette force qui nous est tant vitale qu’incontrôlable : l’amour. Voici ce que nous montre cette œuvre : l’animalité, la sauvagerie, la souffrance, les démons et le chaos qui demeurent en chaque être humain, et que l’amour révèle bien malgré nous.

C’est contre cela même que les personnages de Katarina, Frank, Jenna et Tomas se battent avec un acharnement total. Se transformant peu à peu en bêtes féroces, luttant contre leur condition.
Car faut-il être un animal démoniaque pour détruire tout ce que nous ne pouvons contraindre ?

Comment espérer vivre en paix et préserver notre habitat lorsque nous restons incapables de nous aimer à deux ?