Mais n'te promène donc pas toute nue!

Avants premières du 29 juin au 2 juillet.

M Ventroux est un député et comme sa fonction l'exige, il se prend très au sérieux. Sa femme, Clarisse se promène dans l'appartement en tenue légère, ce qui le met hors de lui. Surtout que M Hochepaix, un important industriel doit arriver d'un moment à l'autre. Mais véritablement, il fait si chaud!

Cette pièce nous entraîne dans un tourbillon. M Hochepaix, M De Jaival, le journaliste et Victor, le domestique seront pris dans la tourmente des chamailleries conjugales. Ventroux a beau essayer de sauver les apparences, la façade se fissure et l'humanité de tous ressurgit.

Mais, c'est tout les préjugés! C'est tout!

Cette réplique sonne comme un cri, un leitmotiv silencieux. Ferment de la morale bourgeoise dans laquelle se drape le député Ventroux, histoire d'assurer sa carrière politique. Sa femme, Clarisse, a su rester simple et légère dans son attitude, désespérant son mari qu'elle seconde du mieux qu'elle puisse.
Une morale rigide opposée au bon sens populaire, c'est du Feydeau mais liés par un amour véritable?
Que se passe-t-il chez les Ventroux lorsque les disputes ne révèlent pas l'opposition entre les genres ni l'utilisation de l'autre pour satisfaire son ego ou asseoir son pouvoir?
Surgit alors des mots de Georges tout l'éventail qui étaye l'establishment lié au pouvoir. L'hypocrisie, l'influence, l'intéressement, la misogynie, tout les rouages du fonctionnement de cette caste des puissants. Le personnage d'Hochepaix, adversaire de campagne en mal de reconnaissance et riche industriel, venu obséquieusement solliciter le député, est pris dans le tsunami des Ventroux. Quant au personnage du journaliste (Romain De Jaival), témoin et complice de ce milieu, il est la cerise sur le gâteau, précipitant la déconfiture de Ventroux.

Le plus choquant reste qu'après avoir actualisé les personnalités évoquées dans la pièce, le texte résonne particulièrement bien avec notre actualité politique, comme si le fonctionnement moral et éthique de cette caste n'avait pas évolué d'un pouce en plus d'un siècle.

Un mot de G. Feydeau:
"Quel dommage que je sois mort, j'aurai tellement apprécié cette subtile adaptation!"