Le grand retour de Boris S.

Engagé en dernière minute comme bouche trou pour jouer le Roi Lear, Boris, ancien acteur, déboule chez son fils Henri qui vient d'être viré de son emploi et largué par sa femme partie avec leurs deux enfants.
D'emblée de jeu, chacun est sur le qui-vive, comme deux boxeurs sur la défensive, tentant une avance et se repliant très vite dans un comportement bourru et énervé. Boris, très jeune, a vu sa famille disparaître dans les camps de concentration. Il a vécu dans la crainte du lendemain et l'espoir de l'arrivée d'un avenir meilleur. Henri a grandi à côté d'un homme renfermé, frustré et s'il en a ressenti les angoisses, il ne les a jamais comprises. Baigné dès l'enfance dans la culture yiddish, jamais il n'a réussi à se situer entre devoir de mémoire et religion.
Henri et Boris sont chacun dans leur bulle, enfermés dans leurs pieux mensonges, se masquant la vérité pour mieux aimer, se protéger et se cacher.
En 24h, les deux hommes apprendront à se connaître et lèveront le masque sur leur détresse et leurs sentiments. Avec beaucoup de tendresse et de pudeur, ils vont faire éclater le carcan qui les emprisonne. Les responsabilités familiales, professionnelles, l'hérédité, le poids des traditions retrouvent des proportions normales. Sans grands déballages, sans grandiloquence à mots feutrés simplement en étant vrais, père et fils vont se comprendre et pourront reprendre chacun différemment leur avenir.
Par delà le thème de l'identité juive, Le grand retour de Boris S. aborde surtout la difficulté à communiquer, à oser se parler ou à se dévoiler.
Derrière cette thématique prenante voire psychologique, l'humour est omniprésent. Les situations, comportements ou phrases bien tournées tout concourt à faire rire et à étreindre les coeurs.