Présentation de l'événement
Noémie vit dans un monde de crapauds mous, dont le charabia l'empêche de construire quoique ce soit de personnel. Elle se rebaptise Nemo - « c'est plus simple au niveau de l'articulation des syllabes » - prend le large, rencontre Georges, et tous deux s'échappent pour un toad movie à la recherche d'eux-mêmes.
Charabia est issu d’un travail mené tout au long d’une année, avec des collégiens du département de la Haute Garonne, sur la question du genre. Qu’est ce que la langue fabrique de construction identitaire ? Qu’est ce qu’elle impose ou nie de notre rapport à l’autre? Comment comprendre, apprivoiser, vivre dans ce vaste monde qui s’ouvre à nous, tout en nous enfermant ? Telles sont les questions qui nous ont agités pendant une année. Écrit dans la tradition du road movie, mêlant tourments intérieurs et adresses directes, le texte s’inspire délibérément d’un vocabulaire et d’une rythmique adolescente : déformer des mots, les retourner, les mélanger, tenter d’en inventer d’autres qui expriment mieux son être au monde ; son appartenance à un groupe, une communauté ; s’interroger sur ce que la langue fabrique de pensées… Deux personnages guident nos pas, Noémie et Georges, figures intemporelles de la jeunesse, parties ensemble pour de la construction. Prisonniers d’un monde adulte défini par un langage trop normé, trop bien digéré, souvent non-pensé, ils s’échappent du cadre pour inventer de nouveaux signes, de nouveaux sons, de nouvelles façons d’envisager ce qui les entoure. Chaque chapitre s’ouvre sur un gimmick linguistique, et s’étend jusqu’à la formulation suivante, en rebondissant joyeusement sur des formules grammaticales inconnues.
C’est un jeu de piste, qui se déroule au rythme des pas des deux héros, arpenteurs modernes d’un monde en devenir. Sur scène, une autrice et un musicien (violoncelle électrique, yukulélé, machines) se partagent l’espace scénique, pour une forme concertisée de 50 minutes. Jouant tour à tour la narration et les personnages, à l’aide de pancartes, feutres, sons, voix… ils privilégient un rapport public d’une grande proximité. Le texte est en adresse directe et requiert, plus que l’écoute, la réponse même, physique et verbale, de ceux à qui l’on s’adresse.
Charabia s'inscrit dans les formes tout terrain proposées par l'association Perspective Nevski depuis sa création ("Je suis la soeur unique de mon chien et autres gâteries" en 2009, "Neuf Petites Filles, une performance solo" en 2011, "Ravie, tout-terrain" en 2015)